Gilles Marquet

Biographie

Gilles Marquet
28 juillet 1928 :
Naissance de Gilles Marquet

Gilles Marquet commence sa carrière comme météorologiste en France puis la Météorologie française le détache à Tanger (Maroc).

Radio Africa Maghreb
1954 - 1959 : Radio-Africa-Maghreb.
En février 1954, il demande sa mise en disponibilité pour pouvoir entrer à Radio Africa Maghreb. Cette radio, fondée par Jacques Trémoulet en 1947, émet depuis Tanger et couvre l'Afrique du Nord, l'Espagne, le Portugal et le sud de la France en soirée. Gilles Marquet y exerce les fonctions de Directeur des Programmes. Il fait cohabiter à l'antenne des émissions en français, en arabe et en espagnol ; il accueille au micro de la station les grandes vedettes de l'époque, de Jacques Brel à Gilbert Bécaud en passant par Maurice Chevalier. Radio Africa Maghreb est une véritable radio généraliste qui bénéficie de la situation particulière de Tanger, ville au statut international, mais aussi carrefour culturel. 
La station produit un feuilleton radiophonique « Caïda Tamou », version nord africaine de la « Famille Duraton ». Elle diffuse également de grandes émissions de variétés en direct des salles de spectacle de Casablanca ou Tanger. Jean-Louis Marquet, le frère de Gilles, est aussi présent à l'émetteur de la station comme technicien. La concurrence des radios privées internationales à Tanger est rude mais Africa Maghreb est incontestablement la plus populaire. Malheureusement, en 1959, le gouvernement marocain, qui avait retrouvé sa souveraineté sur Tanger, décide de fermer ou de nationaliser toutes les radios étrangères de la ville. Jacques Trémoulet, qui n'a jamais cédé une de ses radios au pouvoir en place, même durant les heures sombres de l'occupation, transfère clandestinement tout le matériel de Africa Maghreb à Montserrat aux Antilles et en Andorre via l'Espagne. L'équipe se disperse mais les frères Marquet, suivis de quelques animateurs vedettes et de techniciens de la station, rejoignent aussi l'Andorre.



Radio Anndorre
1960 - 1970 : Directeur des Programmes de Radio-Andorre.
Le début des années 60, c'est la fin de l'âge d'or de la radio dans le monde. Dans les années 50, le pic d'audience des radios se situait encore en début de soirée, et grâce à la magie des ondes moyennes qui se propagent mieux lorsque le soleil est couché, les programmes de Radio-Andorre étaient audibles sur la quasi totalité de la France et de l'Espagne ; le soir et le matin sur une grande partie de l'Europe. Mais en 1960, c'est maintenant la télévision qui réunit les familles le soir devant le petit écran, la radio perd son audience nocturne et, avec elle, une grande partie des recettes publicitaires même si la pub est encore absente à la télévision. Radio-Andorre bénéficie toujours d'une grande écoute sur le sud de la France où l'espace hertzien est encore loin d'être saturé. Depuis sa création en 1939, elle a peu modifié sa grille de programmes. Station musicale avant l'heure, elle diffuse des sessions de un quart d'heure par genre : variété française, variété espagnole, bel canto, accordéon... Mais depuis quelques années, les nuages se sont amoncelés sur l'horizon de Radio-Andorre. Alors qu'elle était la seule radio privée à être audible dans le grand sud-ouest, l'État français, via la Sofirad, a lancé en 1958 une station commerciale concurrente, « Andorradio », future Sud Radio. Les deux stations ont leurs studios à Andorre-la-Vieille, mais le combat qu'elles se livrent est déséquilibré. Radio Andorre a des installations vieillissantes alors que sa concurrente bénéficie de la manne financière de l'État. En 1958, Radio Andorre a également perdu prématurément son directeur artistique et animateur vedette, Paul Servant, alias Jean-Lou Chabrier. L'arrivée des « Africains », comme on les nomme en Andorre, va redonner un nouveau souffle à Radio Andorre. Jean-Louis Marquet en prend la direction technique à partir de 1961. Il va équiper la station avec le matériel en provenance de Tanger. Gilles Marquet prend la direction des programmes dès janvier 1960. Avec l'apparition récente d'Europe 1, qui capte l'audience de la jeunesse, la radio de papa disparaît et donne naissance à un nouveau style radiophonique. Alors que la populaire Radio Luxembourg attendra 1966 pour bouleverser ses programmes, en se transformant en RTL, Radio Andorre va entamer sa mue sous l'impulsion de Gilles Marquet. Il introduit de nouvelles émissions. Les meneurs de jeu remplacent les speakers à l'antenne. Le jazz, le rock et le « yéyé » font leur apparition dans les programmes, avec Jean Bonis, transfuge lui aussi de Africa Maghreb, et surnommé « le pape du yéyé ». Gilles Marquet introduit des émissions sportives, rajeunit les émissions féminines qui réduisaient la femme à son rôle de ménagère ou de mère de famille. Le Hit-Parade de Radio-Andorre s'insère dans la grille de fin d'après-midi au milieu d'émissions dédiées à la jeunesse turbulente de l'époque. La coupure des programmes de 9h à 12h est supprimée et Radio-Andorre émet désormais de 7h à 24h sans interruption. Si la station ne peut pas diffuser d'information en raison du cahier des charges imposé par sa concession, elle embauche des reporters pour couvrir les événements sportifs, culturels et commerciaux du grand sud-ouest. Si la station n'a pas les moyens financiers des autres périphériques, Europe 1, Radio-Luxembourg, Radio-Monte-Carlo et maintenant Andorradio, elle devient un véritable vivier où de jeunes animateurs vont pouvoir faire leurs débuts. A une époque où les radios locales n'existent pratiquement pas encore, Radio-Andorre, qui ne peut se payer des animateurs vedettes, devient, en quelque sorte, le studio école de la profession. Chacun y trouve son compte : le jeune qui rêve de faire de la radio et la station qui bénéficie ainsi de la fraîcheur et de la jeunesse de ses animateurs. Des dizaines d'animateurs d'aujourd'hui, qui exercent désormais sur le service public comme sur les réseaux nationaux mais aussi à la télévision, ont démarré leur vie professionnelle en présentant, tremblants, leur maquette enregistrée sur cassette à Gilles Marquet, qui leur faisait passer un test de voix et de diction et qui leur donnaient leur première chance. Gilles Marquet sera directeur des programmes de Radio-Andorre de 1960 à 1970. Même si sa fonction n'est pas de tout repos dans une station où chacun doit être polyvalent, il a la confiance de Jacques Trémoulet qui lui confiera diverses missions, dont celle de développer une antenne commerciale et un studio à Barcelone de 1962 à 1963. En 1966, tout en restant Directeur des Programmes, il installe un studio de la station rue Bayard à Toulouse et se charge du développement de l'activité commerciale de Radio-Andorre, coté français, c'est-à-dire du côté où se trouvent les annonceurs. Il lance le studio d'été de Radio-Andorre depuis Canet-Plage où les grandes émissions de jeux et de variétés en direct de la côte languedocienne émaillent les programmes de la station. Il renoue ainsi avec l'accueil des vedettes nationales et internationales de passage dans le sud de la France et qui faisaient rarement le voyage jusque dans la principauté. Les animations publicitaires du studio décentralisé de Radio-Andorre se font en collaboration avec les deux quotidiens régionaux « Le Midi Libre » et « La Dépêche du Midi ». C'est d'ailleurs, pour la Dépêche du Midi, qu'il quitte Radio Andorre en 1970.


la Dépêche du Midi
1970 - 1975 : La Dépêche du Midi, le Casino du Boulou.
Gilles Marquet reste à la Dépêche du Midi jusqu'en 1974. Il s'occupe des opérations commerciales et événementielles du quotidien. Comme ce quotidien est partenaire de Radio-Andorre pour l'émission décentralisée de Canet-Plage, Gilles Marquet est donc toujours présent dans le studio de la station au Canet.
En 1974, il prend la direction du Casino du Boulou dans les Pyrénées Orientales. Après le décès, en 1971, du fondateur de Radio-Andorre, Jacques Trémoulet, le nouveau Président du groupe, Jean Delvigne, rappelle Gilles Marquet à la station en octobre 1975, alors que son frère Jean-Louis ne l'avait jamais quittée.


Radio Andorra
1975 - 1981 : Directeur Général de Radio-Andorre.
Les deux frères sont nommés Directeurs Généraux de Radio-Andorre, Gilles étant basé au studio de Toulouse et Jean-Louis à Andorre-la-Vieille. Une nouvelle épreuve les attend. La Principauté d'Andorre, qui connaît un réveil politique, veut s'émanciper des autorités de tutelles françaises et espagnoles et veut mettre fin aux concessions de Radio-Andorre et Andorradio devenue Sud Radio. L'histoire de Tanger semble se répéter. Les tractations politiques entre la station et les autorités andorranes débutent dès 1977. Les frères Marquet et Jean Delvigne envisagent une nationalisation de leur station en proposant le transfert de propriété des installations techniques au Conseil des Vallées d'Andorre mais en gardant la maîtrise des programmes. Mais les intérêts espagnols et français vont contrecarrer cette initiative et la principauté d'Andorre met fin définitivement aux concessions de Radio-Andorre et Sud Radio en 1981. Radio Andorre est contrainte de fermer définitivement son antenne et Sud Radio va quitter l'Andorre pour la France.


Radio-France
1981- 1988 : Radio-France.
 Dès la fermeture de Radio Andorre en 1981, Gilles Marquet est embauché par Radio France pour s'occuper du développement des radios régionales du service public qui se lancent au milieu de la cacophonie de la libération des ondes en France qui voit des milliers de nouvelles stations locales apparaître sur tout le territoire. Son frère Jean-Louis, après avoir été nommé directeur technique d'Antilles Télévision à Montserrat, rentre à RTL le premier janvier 1984 et en deviendra également le Directeur Technique.
RCA

En octobre 1982, Radio-France confie à Gilles Marquet le lancement de Radio Côte d'Azur, nouvelle station du service public à Nice. La région est loin d'être un désert radiophonique. Depuis le milieu des années 70, elle est couverte par les mini-périphériques qui émettent en français depuis l'Italie. Elle est aussi au cœur du fief de RMC, la radio encore contrôlée par la Sofirad et qui avait créé, dès 1978, un réseau de 4 stations FM thématiques pour arroser la Côte d'Azur. Gilles Marquet s'entoure de valeurs sûres qui avaient fait leurs premières armes à Radio-Andorre, comme Max Lafontaine ou Catherine Laurens, mais fait aussi confiance à de jeunes animateurs débutants comme un certain Nagui... La station n'aura pas à rougir de ses résultats et de la qualité de ses programmes même si Radio France décidera au début des années 90 de fermer ses stations citadines dans les grandes villes de France comme Marseille, Lyon, Toulouse et Nice. Mais, entre temps, Gilles Marquet est déjà parti vers une nouvelle aventure.



Africa N°1
1988 - 1993 : Radio Africa n°1.
Depuis 1981, l'État français, toujours par l'intermédiaire de la Sofirad, contrôle 40 % du capital d'une grande station africaine : Radio Africa N°1. En 1988, Gilles Marquet est nommé Directeur de Radio Africa N°1 dont les studios se trouvent à Libreville au Gabon. Il fait ainsi un double pied de nez au passé : Sa carrière radiophonique avait commencé à Radio Africa Maghreb, elle se terminera à Radio Africa N°1. Depuis 1960 en Andorre, jusqu'à la fin des années 80 à Nice, la Sofirad n'aura jamais cessé de combattre les radios dirigées par Gilles Marquet. Elle avait créé Sud Radio pour tuer Radio Andorre, elle contrôlait RMC, la principale concurrente de Radio Côte d'Azur. La Sofirad avait certainement reconnu la pugnacité de cet homme de radio, qui lui avait tenu tête si longtemps et parfois avec des moyens de fortune. Elle lui confiait désormais l'avenir d'une de ses antennes emblématiques. En 1991, Gilles Marquet est rappelé à Paris car Radio Africa postule pour obtenir une fréquence FM sur la capitale. Elle l'obtient en 1992 et Gilles Marquet devient le Président d'Eurafripub, la société gérante de Radio Africa à Paris, dont les programmes destinés à la communauté africaine de la capitale, sont majoritairement réalisés en France. En 1993, il prend sa retraite et vit entre Paris et Nice tout en donnant encore de son temps, durant quelque années, à Reporters Sans Frontière, puis il s'installe définitivement à Nice en 2009. C'est à Nice que Gilles Marquet s'éteint dans la nuit du 22 au 23 décembre 2012. Alors qu'il avait définitivement quitté le monde de la radio depuis 20 ans, des hommages sont parvenus de tous les coins de France. Ceux, à qui il avait donné l'occasion de s'exprimer pour la première fois devant un micro, se sont souvenus de cet homme discret qui ne faisait jamais la une des médias et qui ne s'exprimait que rarement à l'antenne. Quelques hommages recueillis sur notre page lors du décès de Gilles Marquet  : http://www.facebook.com/AquiRadioAndorra . On y découvre que Gilles Marquet n'était pas seulement un grand professionnel de la radio mais aussi, comme se souvient Jérémie, ancien animateur de Radio Andorre : « un homme dans le plaisir, la générosité, la sympathie, qui était heureux quand les gens autour de lui étaient heureux ».

Album de photos



Archives Sonores


FR

26 avril 1980
Extrait n°1.
Émission sur les radios libres. Gilles Marquet reçoit René Duval, Gérard Milhes de Radio Barbe Rouge à Toulouse, Christian Doran de la Fédération Nationale des Radios Libres et Christine Pichinin, étudiante en journalisme.


FR

26 avril 1980
Extrait n°2.
Émission sur les radios libres (suite)


FR

3 nov 1980
Présentation de l'indicatif, la Marche des Conseillers d'Andorre et présentation des programmes par Gilles Marquet sur une cassette de promotion de la station.




Sources


Crédits photographiques
  1. Photo DR - Guide du disque, de la radio et de la télévision - Archives Jean-Marc Printz
  2. Photo DR - Guide du disque, de la radio et de la télévision - Archives Jean-Marc Printz
  3. Photo DR - Archives Jean-Louis Marquet
  4. Photo Felix Peig - Archives Georges Maltot
  5. Photo Jean-Louis Jammet / La Dépêche du Midi - Archives personnelles de Georges Maltot
  6. Photo Jean-Louis Jammet / La Dépêche du Midi - Archives personnelles de Georges Maltot
  7. Photo DR - Archives Georges Maltot
  8. Photo DR - Archives Jean-Louis Marquet
  9. Photo DR - Archives Jean-Louis Marquet
  10. Photo DR - Archives Jean-Louis Marquet
  11. Photo Jean-Louis Jammet / La Dépêche du Midi - Archives personnelles de Georges Maltot
  12. Photo DR - Archives Georges Maltot

Témoignages

  • Interviews de Gilles Marquet réalisées par Jean-Marc Printz en 1999.
  • Témoignages de Jean-Louis Marquet, Georges Maltot et des animateurs qui ont exercé à ses côtés.
  • Ce texte, signé Jean-Marc Printz, a été publié intégralement par les Cahiers d'Histoire de la Radiodiffusion lors du décès de Gilles Marquet en 2013.



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